Au détour d'un couloir...

La sonnerie retentit. Assise sur les premières marches du grand escalier du troisième étage, Kyôko ouvrit les yeux. *Tais-toi, foutue sonnerie !* Agacée, boudeuse, elle se leva en tenant sa sacoche noire entre ses petits bras. Pas envie d'aller en cours... Aussi active qu'une limace enlissée dans de la boue, elle semblait incroyablement motivée. Allez... Tant pis elle raterait l'économie. Pas que ça à faire et puis c'est pas important de toutes façons. Alors que la troisième heure de cours de la journée allait commencer, la jeune fille se dirigea dans le sens opposé de sa salle de classe et se promena rêveusement. Des portes, des portes, rien que des portes... Les portes peintes d'un blanc terne se succédaient les unes aux autres, tandis que le long couloir où elle marchait ne semblait jamais vouloir prendre fin. Seule la lumière filtrant des innombrables fenêtres éclairait le dédale.

Et lorsque le couloir bifurqua, ce ne fut que pour laisser la place à un nouveau qui le relaya sans mal. Ca ne choqua pas vraiment Kyôko qui connaissait déjà tout le lycée par cœur, bien qu'elle ne fut qu'en première année. Il n'était pas si grand et elle avait eu le temps de le parcourir en long et en large, durant ses heures perdues.

Encore quelques couloirs, un millier de porte, un escalier et elle pourrait enfin s'enfuir d'ici. Dans ces moments là, où le seul fait d'être dehors est une véritable liberté, elle se sentait comme une princesse enfermée dans un grand château. *Manque plus que le prince pour me libérer*, ricana t-elle intérieurement. *Ou une autre princesse...* Alors ses pensées allèrent tout droit à sa dulcinée, qu'elle espéra secrètement croiser en ces lieux, au détour d'un couloir. Ses pas traînèrent encore un peu - au cas où; surtout ne pas aller trop vite... - et son regard se fit encore plus ailleurs.

(C'est libre à qui veut ! C'était juste un petit post, sans vraiment d'inspiration, parce que je me fais royalement chier XD)

HJ : Je prend ! J'éspère que ça ne te dérange pas =]

Un joli soleil éclarait la rue déserte. De fines poussières se reflétaient parfois dans un rayon égaré dans l'air qui respirait le silence et la chaleur. La lumière semblait s'infiltrer dans les moindres recoins de la ville, légère, un peu vive par endroit, qui faisait souvent cligner les paupières d'une demoiselle se promenant là. Le jour cuisait lentment sa peau blanche, qui prenait de petites plaques cuivrées au niveau des joues et du nez. Tête nue, ses cheveux bruns lui servaient de manteau pour ses bras fins, s'éparpillant autour d'elle à chaque pas. Elle semblait assez fatiguée et morose malgré ce temps radieux ; un large pli barrait son front, et elle avançait à petits pas sautillants, comme si chaque mouvement lui demandait un court temps d'arrêt. Elle était vêtue d'une courte robe d'été blanche zebrée de rayures alternativement rouges et grises, de ballerines très en vogues assorties et d'un gilet noir aux manches courtes qui couvrait ses épaules. Fubuki portait toujours des tenues conformes aux tendances. Sa petite taille évoquait celle d'une collégienne de 14 ans, mais en la regardant, il était proprement impossible d'arriver à cette conclusion. On sentait dans ses traits de poupée l'adulte qui naissait. Fubuki se rengorgea légèrement à la pesée qu'elle était presque adulte désormais. Cette pensée était plaisante, mais apportait également en elle une inquiètude qui rongeait son bonheur. Elle avait reçu une éducation sommaire, n'avait aucune qualité véritable si ce n'était celle de plaire, au premier coup d'oeil. Certes, elle avait la fortune : mais sa vie se promettait d'un ennui terrible si elle n'en faisait rien.

Perdue dans ses pensées, elle bifurqua à gauche, marchant au hasard de ses pas. Levant sa tête brune, elle jaugea avec un interêt croissant le bâtiment qui se trouvait devant elle. Le Lycée. Le destin l'avait conduite devant le lieu qu'elle avait fui de nombreuses années. Elle se sentit un peu perdue tout à coup. Là dedans, il y en avait plein qui se construisaient un avenir. Sans elle. Des dizaines d'adolescents qui avançaient, lentement mais sûrement. Alors qu'elle stagnait. La jeune fille tenta de se revitaliser à la pensée qu'elle, elle n'éprouvait aucun stress d'examens, de devoirs et de notes. C'était une immense perte de temps que de s'inscrire dans une école. Cela signifiait nouer pleins de relations embarrasantes à cultiver, alors qu'il était si façile de se montrer volage, sans attaches et pourtant aimée de tous. Au fond, elle se complaisait dans sa vie de petite bourge. Pourquoi se travailler les méninges?

Malgré tout, elle finit par se trouver dans le Hall. Autant visiter, tenta t'elle de se persuader, essayant de trouver une excuse à son comportement. Une concierge lui adressa un regard agressif et méfiant, du style « encore une qui sèche les cours » La Maudite éprouva l'envie violente d'aller lui expliquer qui elle était et ce qu'elle faisait là, mais elle se retint et se contenta de lui tourner ostensiblement le dos, entreprenant de gravir les escaliers qui se trouvaient en face d'elle. Elle n'avait plus aucune idée de ce qu'elle faisait. Arrivée au premier étage, elle balaya du regard le couloir qui s'allongeait devant elle jusqu'à bifurquer vers un autre couloir, et ainsi sans fin sans doute. Les murs étaient peints d'un vert pâle, chaque porte blanche et agrémentée d'un numéro. Fubuki éprouva un étrange sentiment d'envie et de dégoût. Elle s'imagina élève entre ces murs, bavardant avec ses amies, se moquant des profs, recopiant à la va vite le devoirs. Et puis une soudaine nausée la prit à la pensée de rester coincée dans cet univers de vert clair et de blanc, tous les jours. Elle se mit à avançer très vite, s'arrêtant parfois pour écouter le vague brouhaha de salles de classes.

Alors qu'elle tournait pour la toisième fois, ses pupilles noires perdues dans la baie vitrée, elle sentit, sans voir, une présence près d'elle. Elle tourna sa tête de poupée blanche pour poser ses grand yeux étonnés sur l'inconnue en uniforme. Elle ouvrit la bouche par réflexe, resta silencieuse une seconde, puis articula, son sourire habituel florissant sur ses lèvres : « Bonjour. »

[Ca ne me dérange pas du tout. Pardonne ma lenteur pour répondre. Bon et comment je fais, moi, pour répondre aussi joliment que toi et pas trop avoir la honte ? ]

A ce moment là, Kyôko était au bout du monde entrain de voguer au bord d'une barque sur un océan multicolore et dont le ciel était parsemé de petits cœurs roses et blancs... (XD ?)

Ce fut dans cet esprit inattentif et vague que la jolie étudiante croisa la route du Lapin. Ou plutôt, de cette charmante inconnue qui se trouvait dans le lycée alors qu'elle n'aurait jamais dû s'y trouver. Ce fut à peine si le regard de Kyôko se posa sur l'étrangère, à peine si elle la remarqua... Elle répondit machinalement au bonjour et continua sa route, oubliant aussitôt qu'elle avait croisé une personne, et même qu'elle lui avait parlé. Pourtant, une image subliminale de cette magnifique anonyme, au visage si beau et si familier, apparût au beau milieu de l'océan aux milles teintes. Une voix, une voix sublime, crystalline résonna dans sa tête. Un mot. Bonjour... Bonjour... Bonjour... Bonjour ? Pourquoi lui disait-on bonjour ? Un moment...

"Hééééé..." hurla l'élève en sursautant, la main droite soigneusement manucurée sur son front pâle.

Kyôko émergeait enfin. L'air ahurie, elle se retourna lentement - trop lentement...

L'œil fixe, la bouche béante, elle fixa longtemps le dos de la mystérieuse inconnue qui, déjà loin, s'éloignait de plus en plus, si rapidement - trop rapidement - pour sa pauvre cervelle. Déjà, l'adolescente mystérieuse disparaissait au détour d'un couloir, et Kyôko réagissait à peine.

"Hé..." répéta t-elle.

Encore comme en état de choc, elle commença à activer peu à peu ses neurones.

"Héé... ... Héééééé !!!! Atteeends ! ... Mais atteeends, jte diiis !"

Kyôko courrut, faillit trébucher en tournant l'angle de la longue galerie de portes, se rattrapa de justesse, courrut encore, criant de plus belle pour stopper cette nymphe sortie de nulle part et habillée comme une petite princesse.

"Hééééééééé !"

Allez, dernière ligne droite ! L'inconnue lui semblait si loin et si proche à la fois! Tandis qu'elle se rapprochait rapidement de la descendante Sôma, son regard vert dénota sa silhouette de femme-enfant, au bord de la féminité. Le corps de Kyôko, quand à lui, peu habitué, supportait mal les épreuves sportives et se voyait peu endurant, si bien qu'elle fut essouflée en arrivant enfin à sa hauteur, de la bave perlant sur ses lèvres glossées et ses yeux ne cessant de cligner en de petits tics nerveux. De par cette petite course, ses joues s'était colorées d'un rouge vif, et ses yeux brillaient d'une effervescence joyeuse.

"Pffu... Aah... Aaah... Bonjoûûr..." haleta t-elle, un sourire fatigué mais content suspendu sur ses lèvres sexys.

Les bras ballants, elle se traîna encore les derniers mètres, avant de s'arrêter en s'appuyant contre un mur du couloir vert. Pourquoi avait-elle courru au fait ? Aucune idée, mais plus elle l'observait, plus elle se disait qu'elle avait un air de Chinatsu. Non, impossible. Elles ne devaient pas se connaître, le monde aurait été trop petit !! Se grattant son crâne suant, l'étudiante ébourriffa sa longue cascade de cheveux mouillés et désordonnés. Celle-ci était vêtue du joli uniforme lycéen, donc de la jupe en éventail qu'elle avait raccourci de quelques centimètres malgré les gueulantes du Pion, de longs bas noirs qui affinaient ses jambes déjà très minces et longues, et d'une chemise dont elle avait retourné les manches jusqu'aux coudes pour plus de commodité, chemise qu'elle avait un peu customisé par deux pin's colorés. On la grondait souvent à cause des changements qu'elle avait effectué sur sa tenue, mais peu lui importait. Elle avait accumulé déjà tant de punitions que ça ne changeait plus rien à présent.

Kyôko essuya un peu la sueur sur son visage tout d'un coup très éveillé, contrastant énormément avec la figure sombre affichée auparavant. Un sourire magnifique et enjoué s'épanouissait en élargissant son ovale mince. Jolie malgré les marques laissées par sa poursuite, la châleur inondant cachant de ses traits, elle semblait la vitalité même. Posant un ongle parfaitement manucuré sur le coin de sa bouche, de manière coquine, elle s'apprêta à se présenter :

"Moi, c'est Kyôko. Désolée de te stopper ainsi dans ta balade, hihi..."

S'en suivit la décoche de clin d'oeil, pause digne d'un mannequin et sourire continu. Après cela, elle poursuivit :

"Jme disais ce que fait une aussi jolie créature comme toi dans le coin. T'es pas étudiante ici, hein ?! Allez, avoue ! Jtai jamais vue ici !! Hihi !"

Partant dans un rire avenant, qui montrait combien tous les soupçons qu'elle lui montrait étaient sans importance et ne servaient qu'à justifier de manière ironique sa poursuite effrénée. Elle devait avoir idiote, mais peu lui importait. Pouvoir discuter avec une aussi belle enfant (avec des airs de Chinatsu en plus !) la rendait tellement heureuse qu'elle en oubliait la stupidité de ses propres actes et propos mêlés.

"Du coup... J'me demandais, mais qui ça peut être cette superbe demoiselle qui parcourt les couloirs de mon lycée alors qu'elle étudie pas ici, en plus dans cette tenue hyper affriolante. En plus j't'avoue que tu ressembles vachement à une de mes amies... J'ai même cru un instant que tu étais la personne en question. Enfin nan c'est pas vrai, j'étais dans les vapes quand je t'ai vue, enfin bref ! J'espère que mes bavardages inutiles et incessants ne te gênent pas, hhéhéhé... Jsuis gentille en fait, non non, enfin, heu... Si si j't'assure !"

(Bon, j'espère que c'est pas trop bête ce que j'écris et que ce ne sera pas trop chiant pour toi de me répondre ^^')