Les cochons, je trouve sa mignon! ^3^ [ Pv Toshie ]

Ah mon dieu !! Que lui avait-il encore pris de mettre un album pareil dans son lecteur. Assise sur son lit, comme toujours parfaitement fait, elle écoutait défiler une à une des chansons toujours plus mélancoliques. Et pour couronner le tout, il s’agissait de l’artiste favorite de son frère. Appuyée sur ses mains, elle fixait son plafond. Avec ce geste insensé d’écouter le CD, elle pensait se rappeler les agréables souvenirs qu’elle partageait avec Shun’en depuis sa toute petite enfance. Elle pensait sourire à l’évocation de leurs innombrables courses poursuites, lorsqu’il lui volait sa poupée préférée ou lorsqu’ils s’amusaient à se pincer, lorsqu’ils étaient assis côte à côte à table. Il gagnait toujours d’ailleurs, il avait toujours été plus fort qu’elle, autant sur le plan physique que sur le plan moral. C’était d’ailleurs son secret pour réussir tout ce qu’il entreprenait. Il avait déjà deux ans d’avances lorsqu’il était rentré au lycée, et il avait fait de brillantes études de droits. Shun’en Sôma était à présent un jeune avocat ambitieux, qui gagnait toujours ses plaidoiries les plus importantes. Il commençait à se faire un nom et sa famille était aussi fière de lui que possible. Elle baissa doucement la tête, un sourire sur les lèvres. Toshie elle, ne l’était pas autant. Elle préférait nettement se montrer plus égoïste et reprocher la distance que la carrière de son frère avait forcément imposée entre lui et elle. Elle aurait aimé le savoir encore dans la chambre à côté, à écouter cet album qu’en fait, elle avait toujours détesté. Elle rit un peu, pas longtemps. Il lui manquait parfois tellement fort qu’elle aurait tout donné pour devenir « lui », rien qu’un instant, et partager un peu de sa vie loin d’elle. Elle se releva brusquement. Ce genre de pensée était indigne d’elle.

Elle se releva brusquement et s’empressa de rendre muet sa chaîne et le CD à l’intérieur. Ce n’était pas bien de se faire autant de mal. Ce n’était pas bien et surtout ça ne lui ressemblait pas. Shun’en l’aurait bien réprimandé s’il avait vu une chose pareille. Elle souriait toujours lorsqu’elle ouvrit son armoire et passa en revue ses vêtements. Elle avait besoin d’un peu d’air frais et de soleil, et se vêtir joliment l’avait toujours aidé à garder son moral d’acier. Elle opta pour une courte robe verte pomme, qui s’arrêtait légèrement au dessus des genoux et laissait s’échapper quelques froufrous de soie. C’était une robe une jolie robe toute simple, légèrement bombée à partir des hanches et qui avantageait généreusement son décolleté. Elle avait toujours adorée cette tenue et la portait très souvent, tout le monde ici, lorsqu’il devait se la représenter, la voyait forcément avec cette petite et adorable robe. Elle la serra un moment contre son cœur, fermant les yeux et respirant l’odeur du tissu. Ca sentait à la fois le pin et les agrumes. Elle sentait bon. Elle rit de nouveau et fit un tour complet sur elle-même, faisant s’envoler le bas de la robe qu’elle tenait toujours contre elle. Elle soupira enfin, avant d’ôter son survêtement et d’enfiler l’élégante tenue. Pour sortir, elle choisit ses petites ballerines pommes préférées, aux rubans qui montaient et décoraient ses délicates chevilles. Tout en se pomponnant, elle chantonnait un air pop et léger, aux arrières goûts sucrés, et qui donnait simplement envie de sourire. Avant de sortir de sa chambre, elle vérifia qu’Ichi n’était pas dans le couloir. Elle n’avait aucune envie d’entendre une nouvelle remarque acerbe de sa part, mais apparemment, elle n’était toujours pas rentrée du lycée. Certainement qu’elle était encore allée traînée quelque part, et elle espérait sincèrement que ce soit le plus loin possible. Elle soupira et sortit précipitamment de la maison, criant à qui l’entendrait qu’elle ne rentrerait sans doute pas manger.

Elle avait toujours trouvé cette proximité entre tous les membres de la famille Sôma avait quelque chose de rassurant, comme de malsain. Les mariages entre cousins n’étaient pas rares, et bien que ses dits cousins le soi généralement par des générations et des générations d’écarts, on ne les en appelaient pas moins « membres de la même famille ». Cependant, ça avait quelque chose d’excitant. Et il fallait bien le dire, il ne fallait pas grand-chose pour émoustiller la jeune Toshie, qui trouvait toujours le moyen de trouver n’importe quelles situations excitantes, jusqu’à une tasse de thé avec tante Mari. Ce qui pour beaucoup, n’avait franchement rien d’amusant. Elle souriait encore dans le vide, lorsqu’on lui rentra plutôt violemment dedans. Elle recula de quelques pas et ses yeux écarquillés se posèrent sur la jeune Chinatsu, maudite par le coq. Toutes deux étaient presque voisines, et Toshie avouait que durant leurs rares rencontres, elle l’avait trouvé très sympathique et mûre pour son âge. En fait, la maudite du cochon, de par son statut d’aînée des maudits, ne fréquentait pas tellement les autres victimes de la malédiction. Elle ne les connaissait pour la plupart que de vue, et cela parfois la navrait. C’était une chose de discuter malédiction avec son adorable père, c’en était une autre d’en parler avec une personne concernée. Elle sourit à la jeune fille, en réponse à celui qu’elle lui offrit avec ses excuses. Un sourire plutôt amusé en fait, car le souvenir de ses insomnies du au bruit causé par les petits rendez-vous nocturne de la jeune fille l’avait quelques peu marqués. Elle se reprit lorsqu’elle sentit son sourire se muer en rire nerveux et toussota discrètement, relissant sa robe pour dissimuler le fou rire qui lui montait à la gorge.

« Ca va ça va, ne t’inquiète pas !! Ce n’est pas une petite bousculade de ce genre qui va arrêter la jolie Tosh. »

Elle laissait son sourire s’accentuer, et se baissa soudain pour ramasser les livres de la maudite, qu’elle lui rendit avec un joli clin d’œil.

« Tu es bien curieuse dis-moi !! Mais je t’avoue que j’essais d’échapper à mon démon de petite sœur. Cette petite gamine butée n’est pas encore rentrée et j’espère la manquer. Ce n’est pas que je ne l’aime pas tu comprends, c’est simplement que je la déteste !! Mais je compte sur toi pour garder ta langue, je m’en voudrais de lui faire savoir que je ressens quelque chose à son égard… »

Et voilà. Toshie, c’est ça. Capable de déballer sa vie et ses sentiments en quelques minutes devant une quasi inconnue. Elle s’interrompit soudainement et eut un petit rire plus ou moins gêné. Elle enroula une mèche écarlate autour de son index, dans une imitation parfaite de la jeune Ichi, c’était bien leur seule chose en commun.

«Mais pardonne-moi, je t’ennuie avec toutes mes histoires de familles !! En vérité, j’allais rendre visite à mon frère. Et toit, où courrais tu donc avec un tel empressement !? »

Pour Toshie, parler de sa soeur c’était comme s’arracher la langue après l’avoir mutilé aux ciseaux. Cette petite peste lui en avait toujours voulu de monopoliser l’attention de Shun’en, ce grand et beau garçon, attentionée et généreux. Même ses soeurs, il ne les laissaient pas indifférentes. Il avait toujours été très doux, depuis sa toute petite enfance, réclamant sans cesse calins et bisous. Il lui avait raconté un jour, combien il avait souffert de ne pas pouvoir la prendre dans ses bras, lorsqu’elle n’était qu’un petit bout de fille. Et curieusement, lorsqu’il le lui avait avoué, elle s’était mise à ressentir ce même malaise, elle qui s’était habitué à ne jamais recevoir de gestes tendres de son père, de son frère et de tout son entourage masculin, souffrait maintenant atrocement de ne pouvoir sentir son frère contre elle. Beaucoup de gens autour d’eux, les avaient regardés d’un oeil suspect. Ces deux petits étaient proches, trop proches jugeaient-ils pour un frère et une soeur. Mais jamais de telles idées ne les avaient effleurés. Tous deux s’accordaient sur leur statuts fraternels. Ils ne pouvaient pas se toucher, aussi compensaient-ils par une présence quasi-permanente l’un pour l’autre. Mais à cause de cela, elle avait atrocement souffert lorsqu’il avait quitté leur maison. Ca avait été comme lui arracher une moitié de son coeur. Elle avait beaucoup pleuré lorsqu’il lui avait présenté sa fiancée. Oh, elle l’aimait beaucoup !! Cette jolie jeune femme qu’il avait choisie était tout à fait charmante et adorable avec Toshie, et la jeune maudite lui rendait son affection. Seulement, elle lui prenait son frère, elle avait compris que même si leur complicité ne les quittait jamais, jamais plus ils ne pourraient être aussi proches qu’ils l’avaient été. Elle soupirais souvent depuis ce jour.

Elle releva la tête pour poser les yeux un moment sur Chinatsu. C’était une jeune fille qui semblait assez épanouies, avec cette même lueur cependant dans les yeux que possédaient tous les maudits. Cette lueur de dépendance, de solitude et en même temps de certitude n’être jamais totalement seule. C’était une lueur effrayante pour ceux qui ne connaissait pas leur malédiction. Elle sourit à la jeune maudite, la détaillant quelque peu, sans aucune gêne apparente. Tosh n’était pas du genre à rougir de ses actes, elle était naturelle et spontanée et aimait faire comme elle l’entendait. La maudite du coq avait la réputation d’être jolie, elle ne pouvait qu’accréditer cette rumeur. La jolie chevelure noire, bien que commune à plus de la moitié des Japonais, avait une brillance et une douceur apparente qui n’était qu’agréable au regard, et on le devinait, au toucher également. Sur son visage se lisait sa maturite, ainsi que dans ses yeux noirs. Toutefois, quelque chose comme une aura farouche et malicieuce se dégageait d’elle, lui donnant un aspect plus enfantin, qui donnait beaucoup à son charme. Elle comprenait mieux maintenant pourquoi elle avait si souvent du mal à dormir, cette jeune fille devait enchaîner sans problème les conquêtes.

« C’est certain qu’avec une soeur pareille, je ne fais pas rêver beaucoup d’enfants uniques !!Ah, c’est compliqué d’être proche de quelqu’un, à tout moment on risque de s’attirer ses foudres, bien qu’on fasse le maximum pour éviter de le froisser... c’est dur aussi de ne pas se sentir oppressé parfois... Enfin, si on tiens tant que ça aux amis, c’est sans doute parce qu’on aime ça, la nature humaine est salement masochiste je crois !! »

Elle rit doucement à la jeune fille en face d’elle et s’apprêtait sans doute à partir. Bien qu’elle ne la croisait pas souvent, elle ne savait même pas quoi lui dire. A vrai dire, elle aimait beaucoup discuter pendant des heures, et la jeune fille lui était sympathique, ça ne l’aurait certainement pas gênée de rester un moment pipeleter à l’entrée du domaine pendant quelques minutes encore. Toutefois, Chinatsu enchâina, après avoir jeté un coup d’oeil vers l’netrée de chez elle. Toshie se tourna dans le direction qu’indiquait la jeune fille de son menton, et elle aperçut en effet sa mère et un joli jeune homme. Elle haussa un sourcil, elle semblait le reconnaître mais ne parvenait pas à mettre un nom dessus. Il était en tout cas un maudit, et si elle ne se trompait pas, c’était le fougueux tigre.

« Ah oui !! Yuan... »

Elle se tourna de nouveau vers la jeune femme en face d’elle, un sourcil toujours haussé et un doigt sur les lèvres, semblant réfléchir. Après un moment, elle haussa les épaules.

« Non, je ne le connais pas, du moins pas personnelement. Je crois l’avoir croisé plus d’un fois cependant et je me rappelle d’un très beau jeune homme. Un conseil, n’hésite pas à lui sauter dessus, un tigre dans son lit, je suis sûr que ce ne peut-être qu’un plaisir !! »

Toshie posa une main sur sa hanche, et un sourire malicieux apparut sur son visage. Elle secoua légèrement la tête, atteré elle-même pas les sôtises qu’elle sortait toujours si naturellement. Malgré tout, elle partit d’un rire joyeux et clair.