Ode à l'eau... [PV Naomie Ayame]

Quelques bulles d'air remontait à la surface de ces lèvres serrées qui retenaient le souffle de la vie. Le jeune homme, à travers les reflets brillants du jour sur l'eau, distinguait sans mal le flot continu, malgré quelques remous, de la longue étendue bleutée. Et ce regard ; ce regard à la fois froid et amusé, perçant même le contre-jour de l'eau. Son long corps effeminé et puissant se propulsait dans l'eau avec vitesse et grâce. Pourtant, malgré la beauté et le charme de ce physique lisse, fin et musclé, jamais ne lui quittait cette bestialité sans pareil. Dans le moindre geste... Identique à un requin, fauve et carnassier d'eau, il se mouvait avec aisance et brutalité sous les fonds transparents. Ses mèches de cheveux le suivaient telles des tentacules, tandis que son maillot de bain rayé blanc et noir se gonflait au gré de ses mouvements de hanches.



L'odeur si caractéristique du chlore emplissait l'air. En ce mardi après-midi, il n'y avait personne. Sae leva les yeux vers l'horloge accrochée au mur carrelé de noir. Dix-sept heures. Tout le monde travaillait, mais les cours des étudiants allaient bientôt se terminer. Un couple et quelques enfants, à peine, se baignaient dans l'autre bassin. Au moins, une jeune fille en fleur ne risquait pas de le buter par mégarde et de le transformer en cochon. Au moins, ou malheureusement, paradoxalement, aucune fille pour regarder son aspect parfait, personne pour le juger sans le vouloir. Pas non plus de garçon marrant pour le divertir. Non, personne... Et oui, effectivement, Saemitsu se sentait un peu seul, oui, bien que l'eau le divertisse assez. L'eau était même peut être une meilleure camarade de jeu que quiconque. L'homme, ayant gardé une malice digne d'un môme, s'amusait à se couler, à rester dans l'eau, à observer les chatoiements et les jeux de lumières. Les couleurs éclatantes, valant celles de l'arc-en-ciel, brillaient de milles-feux sous le soleil d'or. Caressant l'eau du plat de la main, agitant ses doigts fins dans l'eau chaude, le garçon observa les remous qu'il créait, puis marcha en la frôlant du bout des doigts, imaginant qu'elle fut son amante. D'oeillades amoureuses, en oeillades amoureuses, Saemitsu pouvait sembler étrange. Puis il replongea, se submergeant tout entier par le fluide gracieux et sensitif. Sensuellement, il se métamorphose en sirène, aussi délicat et splendide.



L'eau le fascinait, l'attirait, inexplicablement. L'empêchant de trop réfléchir, il oubliait son retour à cette vie si ennuyeuse, cette vie qu'il assimilait à présent avec la notion de "Japon". En allemagne, quand on lui vantait les mérites de son pays natal, ou qu'on le regardait avec émerveillement pour ces traits asiatiques, il ne pouvait s'empêcher de soupirer d'agacement. Le "Japon", pauvre utopie que ce sont créé les fans girls européennes de minables chanteurs de rock, ce monde emmerdant et pauvre de vie... Ce capitalisme démesuré, qui pousse même les jeunes filles en vendre leur corps pour leur argent, qui poussent même les vieux à se bousiller la santée, qui poussent même les adultes à oublier de vivre... Heureusement, à ce moment précis, il oublia qu'il était revenu dans ce monde sans rêves. Il coula, oubliant son propre esprit. Ne penser rien qu'au mouvements de l'eau tranquille sur ton corps déshabillé... Ne penser rien qu'à ton souffle, à ta respiration, à ton non poids.



Il faisait si chaud que l'eau sur son corps lui paraissait délicieuse. Sa bouche lui semblait pateuse tant la soif le tenaillait, lui asséchait abominablement la gorge. Il aurait bu toute la piscine, si seulement elle avait été un minimum potable. Bientôt, Sae réapparut hors de l'eau, ses jambes battant le flot pour garder la tête et les épaules à la surface. Ses longs cheveux flamboyants ondulaient autour de lui, formant comme une aura. Alors, il se fit engloutir entièrement par les profondeurs, en quête des abysses. Se promenant à travers les carreaux bleus du fond de l'eau, il n'était plus qu'un corps, avec des bras et des jambes pour se déplacer, et une bouche, un nez pour respirer. Et évidemment, ces yeux... Ces yeux...

Et voilà que le souffle lui manqua. Telle une fusée, le jeune homme agita frénétiquement ses jambes pour finalement jaillir hors de l'eau, inspirant à fond l'air doux de la surface.

Sae fit encore quelques longueurs, puis s'amusa à rester le plus longtemps possible la tête sous la surface. Seuls ses longs cheveux apparaissaient ; ils semblaient flotter d'en travers l'eau, comme une perruque sans tête ni corps.

[Me rewalà ! =3 Au fait, au lieu de "répentissant", tu voulais pas dire résonner ou se répéter ? Parce qu'au final, ce mot-là, il veut juste dire "faire des excuses"... .__. Et puis "asser" s'écrit "assez". Ah oui, relis toi un peu, il reste quelques autres fautes ^o^ (n'y vois rien de méchant, hein ! Je remarque juste, c'est tout !) Sinon j'aime bien ce que tu écris ! ♥ Et désolée, ce post-ci est totalement nul, je suis pas en forme ! ]

Toujours engloutti par l'eau du bassin, le requin Saemitsu se baladait. Il avait fermé les yeux, juste pour ressentir les petits remous de l'eau sur lui, oublier qu'il était à la piscine, ne plus entendre les bruits extérieurs ou alors que de façon très trouble... Absolument submergé, il ne vit pas la jolie Noami faire son entrée, tout comme celle-ci ne put pas vraiment le voir, malgré sa chevelure flamboyante, puisqu'il était sous l'eau et loin d'elle. Il ne se rendit pas plus compte qu'elle se rapprochait de lui pour finalement être à sa hauteur. C'est avec surprise qu'il sentit le contact de la chair humaine et qu'une seconde plus tard il était cochon. Il s'engouffra dans le fond de l'eau, le plus loin possible des regard et rattrapa son maillot de bain qu'il garda coincé dans sa gueule. Enfin, il redevint humain, se rhabilla et fendit l'eau pour se remettre à la place où il avait été quelques secondes plus tôt. Ouf, la jeune fille ne semblait n'avoir rien remarqué... Il la dévisagea un instant, la trouva très jolie et lui sourit de façon polie et avenante.

"Ce n'est rien." répondit-il aux excuses précipitées de la demoiselle.

Gardant un calme extrême, un nonchalance hors du commun et une grande assurance, il masqua le grand trouble que lui avait apporté sa transformation. Si la jeune fille avait raté sa métamorphose, les caméras de la piscine l'avaient sûrement vu... Etait-ce grave ? Y avait-il quelqu'un derrière les écrans qui auraient pu être surpris ? Et s'il allait les obliger à effacer les vidéos ? A ce moment là, les personnes iraient automatiquement voir les vidéos et là ce serait foutu... Et puis, s'il ne disait rien, peut être que la personne qui avait vu ça derrière son écran allait penser à une hallucination et oublierait ça au bout d'un temps ? Inspirant, las de cette malédiction qui l'empêchait de serrer une fille aussi mignonne que la personne qui était en face de lui, il regarda autour de lui. Seuls. Le couple avec le gamin étaient entrain de partir. Etrange, mais il était certain que les lycéens n'allaient pas tarder à débarquer, tout comme cette jeune fille.

En temps normal, Saemitsu se serait éloigné de la personne qui venait de le heurter après ces excuses. Mais là, comme ils étaient seuls, le garçon trouvait normal d'engager la conversation plutôt que chacun reste dans son coin.

"Heu... Il n'y a plus personne... C'est peut être idiot de nager chacun l'un et l'autre dans son coin... Mon nom est Saemitsu Sôma, et vous ?"

Il lui sembla entendre la petite voix de sa mère résonner dans sa tête : "Il est interdit de discuter avec les gens qui ne sont pas de la famille". Ta gueule, môman... se permit de lui répondre intérieurement Sae. Bien sûr, il n'oserait jamais dire ça à quiconque... Sauf peut être à Yukimura ou à Mikoshiro.