Bain de soleil et cigarette ( Pv Evariste Ansel )

Bon, c’était décidé, Evariste n’aimait pas du tout son nouveau lycée. Certes, y’avait des gens intéressants – genre à tout hasard, le dénommé Axel qui était un garçon tout à fait sympathique et fort urbain – mais le reste de la classe n’était que moyennement abordable, et Evariste se tenait un peu à l’écart. Oui, il en fallait peu pour l’impressionner, c’était pas nouveau ça. Bref, comme à chaque pause, Evariste attrapa son sac contenant son précieux paquet de clopes, et il sortit des bâtiments scolaires pour aller fumer dehors. Il aurait bien embarqué Axel pour se sentir moins seul, mais monsieur jouait aux mecs sociaux, alors il avait pas pu foutre la main dessus – les filles qui l’observaient la bouche en cœur lui aurait sans doute arraché les yeux d’avoir osé porter la main sur leur prince.
Evariste arriva donc dehors, coinça une cigarette fine entre ses lèvres, et essaya de l’allumer… Avec beaucoup plus de difficulté que celles prévues au départ. Il secoua son briquet, fronça des sourcils, puis dut se rendre à l’évidence : il ne marchait plus. Le français poussa un long soupir, se retrouvant dès lors en pleine guerre du feu. Alors qu’il avait décidé de se taper le front contre le mur d’enceinte du lycée, un briquet apparut comme par miracle devant ses yeux.
Yeux qu’il braqua avec une expression surprise sur le visage de celui qui lui proposait gentiment son briquet. Il se troubla quelques secondes, puis attrapa l’objet rapidement, alluma sa cigarette, et tira une longue bouffée, pour l’aider à reprendre une contenance acceptable.

« Merci, c’est gentil. »

Il repassa en vue mentalement sa phrase prononcée en japonais. Ça lui paraissait pas trop mauvais, peut-être un gros manque côté accent tonique, mais à ce qui lui semblait rien qui rende le tout incompréhensible.
Il se troubla de nouveau quand il entendit ce que Noah lui répondit :

« Ah… Je ne savais pas, t’es le premier à me le dire, mais je m’en doutais… » Il eut un petit haussement d’épaules, ne désirant pas vraiment s’étaler sur les raisons qui faisaient que ce n’est pas étonnant qu’il ait droit à ce genre de surnoms, puis reprit avec une petite grimace : « Si ça les amuse, qu’ils continuent, je m'en cogne. »

Nouvelle bouffée de cigarettes, et Evariste laissa son regard clair glisser sur les autres élèves présents, s’amusant à dénombrer ceux qui ne fument pas vraiment, se contentant de garder la fumée en bouche plutôt que de la respirer et l’amener dans les poumons. Sont-ils idiots. Il en revint à Noah, plus curieux et ouvert qu’inquisiteur.

« Au fait, je suis désolé mais je suis nouveau et j’arrive pas à repérer tout le monde encore… Tu es ? »

Noah reprit son briquet, puis regarda le garçon qui semblait pas mal se ficher de ce qu'il venait de lui annoncer. Il eu un sourire amuser vers lui.

"Tu fais bien de penser ainsi, l'école et ses gens qui se croit si aimer, ils ne deviennent rien après l'école."

Noah n'aimait pas les gens qui se croyait en se donnant une attitude, pour lui c'était tous des nuls, il y avait tellement plus important à vivre dans la vie. Certes lui et son cousin Jinnai, n'était pas les meilleurs dans cette école, car il y avait mieux entre ses murs que les deux voyous qu'ils étaient. Puis le garçon le regarda et lui dit qu'il était nouveau et qu'il ne le connaissait pas, lui demandant son nom. Noah retira la cigarette de ses lèvres en le regardant.

"Plutôt normal, ont est pas dans les même classes, je m'appelle Noah Moreau. Eh oui, je suis moitié français et japonais, tout le monde me le demande alors je te le dit d'avance."

Respirant a nouveau l'air au travers sa cigarette, sentant cette chaleur piquante lui envelopper les poumons pour ensuite ressortir en expirant. Il s'assit alors contre le trottoir, la cigarette entre les lèvres, prenant appuie contre ses deux bras derrière lui.

"Alors t'es nouveau, tu viens d'où? c'est pas français ton nom, Ansel?"

Il le regarda, levant la tête vers lui, attendant une réponse de sa part.

Evariste, lui, préféra rester debout, bien campé sur ses jambes minces en observant les environs de son regard clair et d’un air absent. Il fit un sourire à Noah qui disait être métissé français et japonais et qui enchaîna sur la question de savoir si lui-même était français.

« Effectivement, je suis français, et j’en viens, là … J’ai du mal avec le japonais » précisa-t-il avec une petite grimace charmante.

Il finit par s’asseoir également sur le trottoir, ni trop loin ni trop près de Noah, tirant distraitement sur sa cigarette, une main légèrement appuyée sur son estomac qui se rebellait un peu – encore une fois. Lui avait les coudes appuyés sur les genoux, et il tourna les yeux vers Noah.

« C’est pas le même esprit ici qu’en France, je trouve. C’est vachement plus … bizarre, ici. » Un regard circulaire autour de lui. « Enfin je dis peut-être ça parce que je comprends que dalle, c’est possible aussi … » Il eut un très léger rire pour conclure sa phrase, et coinça sa cigarette entre ses lèvres en massant son ventre d’une main. Son estomac commençait à lui faire sérieusement mal, et il n’appréciait pas beaucoup. Il aurait au moins pensé pouvoir terminer sa journée de cours, mais vu les brûlures qui allaient grandissantes, il en doutait très fortement.

D’une main, il se mit à fouiller dans son sac, dans l’optique d’attraper un de ses comprimés spécialement prévus pour ce genre d’occasion. Il fit un sourire nerveux pour s’excuser à Noah, et avala rapidement ( et sans eau ) une des petites pastilles circulaires détachée de la plaquette. Evariste avait considérablement pâli, quelque peu éprouvé par la douleur éprouvée à l’estomac.

« Désolé … Léger problème technique. »

C’était toujours moins flippant de parler de son corps comme d’une machine qui déconne, et qui sait, ça faisait peut-être même reculer la douleur.

Le jeune homme lui avoua être français et être arrivé depuis peu, lui parlant de son problème de la langue. Noah ce dit qu'il pourrait parler français avec lui, puisqu'il avait de la misère avec les mots, donc il continua sa discutions en français.

"Bien, tu te débrouille bien je trouve, mais c'est sur que moi, ma mère est japonaise alors, j'ai vécu enfant en France et puis on est revenu ici moi et elle."

Il regarda le jeune homme, celui-ci lui parlait qu'il trouvait cela bien différent, Noah se posa la question, pourquoi était-il venu vivre ici? Peut-être ses parents, ou bien il voulait voir du pays.

"C'est sur que la penser n'est pas la même, les gens ici sont beaucoup plus respectueux. Pourquoi es-tu venu vivre ici? Ta famille sans doute."

Il regarda alors le jeune homme se prendre le ventre, il semblait vraiment souffrir d'un coups, il se massait l'estomac, puis sorti des comprimer en avalant rapidement. Noah trouva sa étrange, peut-être que c'était pour sa santé, qu'il n'y avait qu'un traitement qui s'offrait ici, chose qui l'étonnerait.

"Ça va?"

Puis le jeune homme s'excusa, lui parlant de problème technique.

"Ça t'arrive souvent ce genre de crise? Car si t'as des médicaments j'imagine que oui."

Il était jeune, mais les ulcères pouvait a n'importe quel âge, même un adolescent, c'était seulement plus rare, mais non impossible. Il le regarda a nouveaux.

"Tu veux aller a l'infirmerie t'y reposer? Je t'y amène si tu veux."

Le mal du jeune homme ne semblait pas passer aussi facilement, malgré ce comprimer qu'il venait d'avaler. Noah était prêt a l'y amener, mais le visage du garçon l'arrêta dans son geste, il semblait habituer à cette douleur. Sans doute que c'était de famille, puis qu'il avait ce problème depuis tout jeune.

"J'avoue que moi, j'ai jamais été vraiment malade, même si cette foutue cigarette va me le rendre un jour."

Il regarda celle-ci entre ses doigts, il aurait sans doute le cancer des poumons plus tard, pas étonnant il en était accroc, il ne buvait que rarement, ne se droguait plus, mais cette nicotine, il ne pouvait s'en passé. Elle le faisait oublier ses soucis, ce père qu'il ne voyait plus depuis des années, sa mère toujours partie. Seul son cousin comptait, puis il se rappela de la nuit dernière passer avec Jinnai, il secoua la tête et regarda le garçon à nouveau, légèrement troubler par sa pensé.

"Ça te dérange si je t'appelle Eva? C'est moins long, même si sa porte a confusion, tant pis, alors Eva, t'as commencer a te faire un cercle d'amis?"

Il regarda le garçon aux allures féminine devant lui, il pourrait peut-être l'inviter un soir a venir l'écouter, puisqu'il était DJ au club du coin, mais il était âgés de seulement 17 ans, il ne pouvait rentrer, bah cela l'avait jamais empêcher avant.

Evariste tenta alors de se concentrer sur autre chose que son mal de ventre, c’est à dire : la conversation et surtout l’avalanche de questions de Noah. Il sourit à l’évocation des déménagements successifs du garçon, un peu impressionné par tous les kilomètres couverts – rappelons que lui, il a dû attendre ses dix-sept ans et un scandale pour déménager. Il acquiesça, passant la main contre sa nuque :

« Oui c’est ça, c’est mes parents qui m’ont envoyé vivre ici … Je suis insupportable, selon eux. »

Ce qui paraissait carrément aberrant, Evariste semblant – et étant d’ailleurs – un garçon plutôt calme et gentil au premier abord. Bon y’avait bien la nuit où il se transformait en petit crabe gris agressif et mal agréable, mais ça, c’était pas vraiment de sa faute et il s’en passerait bien, donc ça comptait pas. Il s’employa à rassurer Noah sur son état de santé à coups de sourires :

« Ca va, ne t’en fais pas. L’infirmerie, oh ça devrait pas être obligatoire, ça m’arrive relativement souvent et le médicament est efficace. Enfin c’est gentil à toi ! »

Il contempla la cigarette que Noah regardait en l’accusant d’être prochainement responsable de ses malheurs. Evariste tablait sur le fait qu’il était gravement atteint de l’estomac depuis tout gamin pour que le sort ne s’acharne pas sur lui et que les cancers du poumon frappent d’autres gens. Il se caressa la mâchoire vaguement, murmurant pour lui-même :

« Tiens … Cancer du poumon. Ca c’est con. C’est très con. » Puis Noah le sortit de ses pensées. « Eva ? … Oh non ça me gêne pas, tu peux m’appeler comme ça. Hum … J’ai croisé un garçon de ma classe … Mais pas dans ma classe, à l’intercours en fait. Enfin bref, y’a lui qui est plutôt sympa ! Sinon euh les autres élèves s’amusent énormément à me regarder de travers, alors pas tellement … Puis comme je comprends pas très bien le japonais, ils sont pas très patients et voilà. »

Il haussa des épaules, avec un sourire. Les us et coutumes des japonais l’amusaient assez, en fait, une fois tout bien réfléchi. Et il n’avait pas tellement l’habitude de devoir s’intégrer à des groupes déjà formés, mais ça …
Il reprit :

« Et toi alors ? J’ai pas eu l’impression de beaucoup te croiser au lycée, tu dois pas y être souvent. »

Le tout avec un sourire amusé en coin.